Photographier une œuvre d’Anselm Kiefer

Se confronter à une œuvre de Kiefer est un acte autant physique qu’intellectuel.
Garder son sang froid devant la puissance de chaque pièce, laisser le temps découvrir l’étendue de l’inspiration sans limite d’Anselm qui traverse l’intime et l’histoire, effrayante ou secrète.
Chaque pièce attire autant qu’elle interroge et renvoie à l’énorme littérature engloutie en nous depuis des siècles.
Si l’apparence commence en 1945, le fond est sans fin, et les poètes souvent évoqués ou les personnages historiques sont autant de jalons et de butoirs à notre cheminement pour accéder à l’œuvre.

Le souterrain jouxte la voute céleste.
Et les racines de chaque plante ont une image cosmique.

Comme lorsque j’étais enfant et que je croyais que les âmes de chaque être vivant étaient au paradis, dans une multitude indéchiffrable et qu’il faudrait aimer tout le monde.
Indéchiffrable comme les lourds livres de plombs, comme toutes ces pages collées qui ne pourront jamais être lues et qui pourtant sont bien là.

Alors Georges, que faire sinon se laisse aller à sa perception, à l’écoute de ce qu’il voit. Là où le doux et le rugueux cohabitent avec pour vérité l’énorme sensualité sans doute plus accessible dans les dernières toiles de ce travail qui met l’homme au centre.
Quel challenge de concentrer sur quelques centimètres carrés d’image une telle profusion de sens.
J’ai compris pourquoi je photographiais depuis quelques années de l’eau, du feu, de la terre, des trains, des fleurs, des forêts …

Et Dieu (x) sépara les eaux de la terre ! Heureusement !