Photographier une peinture de Soulages
Soulages, lui, propose du noir, il l’organise dans sa tête et au bout de ses pinceaux. La toile n’existe que dans la relation à celui qui regarde.
Il n’y a rien à retrouver sinon cette proposition, ce diapason visuel qui donne le ton.
Aussi photographier une toile noire de Soulages c’est bien écouter la note visuelle, Une blanche vaut Deux noires, et composer.
Composer à grand coup de lumière, l’envoyer en l’air, au sol, la filtrer, la faire réfléchir, l’adoucir et la brutaliser.
La prendre par le coté ou de face, et au bout d’un moment, la musique arrive.
La toile devient présente, pas très longtemps mais assez pour faire une photographie.
On regarde l’image, on en jouit, elle est là, présente, la toile et la photographie.
L’une pas sans l’autre, elles se tiennent, enchainées, fortes.
Et puis la tentation de tout bouger arrive …
Alors apparaît une autre toile, une autre photographie, une autre énergie.
Dans l’atelier on parle du noir avec agitation, avec tranquillité.
On regarde un petit gris avec tendresse, et un rayon de blanc avec soumission.
Pierre Soulages a réussi sa toile, Georges Poncet a réussi sa photographie.
Un jour de grande bagarre Colette m’a dit « Faites confiance à votre savoir-faire, le plus important c’est votre vision. »
Cela fait plaisir parfois de se l’entendre dire.
Quand l’autre vous fait confiance pour que vous donniez le meilleur de vous-même, et que le meilleur sort des deux.
Georges Poncet à l’occasion de la rétrospective Soulages au Centre Pompidou.