Ma première vision de la peinture, c’est Delacroix.
Ma première vision de la peinture, c’est Delacroix.
« C’est qui Sardanapale … ? ». Je revois les yeux de mon père parcourir le tableau et me répondre : « C’est celui qui a le moins l’air de mourir ».
Plus loin, les généreuses poitrines des Sabines et leurs enfants, m’initiaient à l’érotisme, la mise en scène épisodique, la couleur.
En face, le serment des Horaces leurs glaives levés me plongeait dans le conflit intérieur, l’honneur et la loyauté.
À 12 ans, je touchais donc du regard que la peinture était un système élaboré de représentation des sentiments, des émotions, des pulsions qui allait bien au-delà de ce qui était montré, de ce qui était représenté.
Un univers de pensée, mais aussi le lien à l’autre à travers les siècles.
Quelle force et quelle puissance en présence !
Le sentiment d’en faire partie, d’être du même corps, de la même énergie.
L’humanité, vivant dans le même souffle, la même respiration.
J’arpentais ainsi les salles du Louvre à la recherche de ces sensations archaïques , à la découverte de l’énergie des artistes qui nous ont précédés, tout en prenant conscience de la faculté de produire de la pensée par la représentation et relier les sensations du corps avec les émotions de l’esprit .
Cette série de photographies baptisée « Sfumato » développe à partir de chefs d’œuvre une mise en mouvement des scènes, une liberté que les artistes respectant leurs propres histoires et leur temps n’auraient envisagée. Représentation que la photographie a sans doute contribué à libérer à la fin du XIXème siècle .
De cette confrontation à histoire de l’art, je mis en mouvement les Sabines, et bien d’autres.
Le Sfumato dont Vinci usait dans son espace pictural faisait sens pour moi
La peinture, dans son infinie liberté de représentation m’en accordait aussi.
Ne fallait-il pas que ma pratique de la photographie fasse résonner les brûlures intérieures qui caressent les désirs, les douleurs, les couleurs, les lumières et m’offre la liberté de ressentir le monde .
Note : Le Sfumato, signifiant littéralement « enfumé », est une innovation de Léonard de Vinci, qui consiste à obtenir une brume par superposition de couleur. Elle est caractérisée par le peintre comme « sans lignes ni contours, à la façon de la fumée ».
GP 2011 – 2016